Nous, les voyants…

Gérald ATHANASE

…et nos insuffisances ! Le message que nous délivre Jean-Philippe pourrait presque se résumer ainsi : « mes yeux ne fonctionnent pas, d’accord. Et après ? ». Hein ? Qu’est-ce qu’on fait ? On reste prostré ? Sa réponse me semble claire : « On passe à autre chose ! ».
D’une certaine manière, tous les handicaps sont relatifs. On est limité dans tel ou tel domaine ? Reste à voir si l’autre, par rapport auquel on se mesure ne le serait pas tout autant ! (à commencer via ses facultés mentales !).

La cécité nous fait peur parce qu’elle représenterait un changement important dans notre mode de vie, mais on oublie qu’il en irait tout autant de n’importe quel accident ou maladie, qui nous priverait de motricité, d’ouïe, d’un membre ou d’un organe…
L’extrait ci-contre, que j’ai nommé « Canneblanchator » (suite à la présentation qu’y fait Jean-Philippe de sa canne blanche), est une sorte de « master-class » informelle qu’il a menée au milieu de ses amis algonquins du Canada, à l’automne 2013 pour leur faire prendre conscience des limites de nos sens, et en particulier de la vision, mais aussi des possibilités de compensation offertes par nos autres sens.

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On se souvient que le développement exacerbé des cinq sens faisait partie de la légende des peuples amérindiens, longtemps propagée dans les livres qui firent rêver tant de jeunes, dont Le dernier des Mohicans [The Last of the Mohicans] de James Fenimore Cooper, roman revenu (et non « tombé » !) dans le domaine public il y a de nombreuses années et que je vous invite à redécouvrir en cliquant sur la vignette ci-contre.

Elle vous donne accès gratuitement à la version pdf du livre. Selon le système d’exploitation et les logiciels dont vous disposez, vous pouvez préférer les versions alternatives aux formats epub ou eReader. Naturellement, ce roman est à replacer dans son contexte historique (1826), qui en atténue bien des aspects qu’on considérerait aujourd’hui comme discutables ou « politiquement incorrects ». La page Wikipédia qui lui est consacrée fait le point à ce sujet.
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Les aveugles nous adressent un message de relativisation, de notre supposée supériorité par rapport au handicap. Pour paraphraser la phrase célèbre des murs de 68, réactivée récemment à l’occasion de l’attentat contre Charlie Hebdo (ci-contre) :

NOUS SOMMES TOUS DES HANDICAPÉS !

Et si nous ne le sommes pas encore trop, le temps assassin et la loterie de la vie pourraient se charger de nous le rappeler. Passé un certain âge, il y a plein de choses qui ne sont plus que des souvenirs. À nous de faire en sorte que ce ne soient pas des regrets et que, dans tous les cas, chacun conserve un stock de projets, dans les limites de ses capacités en perpétuelle évolution…