Messages…

Gérald ATHANASE

Dans la série télévisée américaine des années 80, Kung Fu, la séquence rétrospective sur la jeunesse du héros (ci-contre), le présente aux côtés de son mentor, Maitre Pô, un moine Shaolin aveugle. La conclusion délivrée par le moine souligne que ses capacités d’attention, développées par compensation autant que par volonté, n’ont rien de surnaturel contrairement à ce que supposerait le jeune garçon, et devraient être accessible à tous pour peu qu’il y soit consacré un peu d’énergie.

C’est le message typique d’un aveugle souhaitant faire partager son expérience particulière, message d’espoir assez voisin de celui que nous délivre Jean-Philippe par sa manière de vivre et le rejoignant aussi à travers le message de paix et de tolérance que véhicule le bouddhisme (qu’il côtoie à travers Lama Gyurmé).

Nous avons travaillé récemment avec Jean-Philippe, et à son initiative, sur la question de l’écholocalisation pour les aveugles et avons rendu accessible (par conversion OCR) une étude scientifique des années 1930 d’une cinquantaine de pages sur ce sujet, qui présente toutes les fausses pistes qui avaient été suivies pour tenter de mettre en évidence une sorte de « sixième sens » dont seraient pourvus les aveugles et qui leur permettrait de ressentir la présence des objets et des obstacles à distance… pour aboutir à la conclusion toute simple qu’il s’agit seulement d’un développement naturel et spontané du sens de l’ouïe, par compensation de la perte des yeux. Rien de mystérieux au final, mais pas inintéressant pour autant ! [la page est en cours d’écriture et sera publiée très prochainement dans « Voir autrement »].

Si « naître égaux en droits » fait partie de la déclaration des droits de l’homme, cette règle est loin de s’appliquer de manière universelle et cette égalité en droits (souhaitable évidemment, et même indispensable !) se heurte non pas à une inégalité, mais à une différence généralisée des humains entre eux, que ce soit par naissance ou par circonstances de vie.

Dans un avenir proche, certains coureurs handisport, grâce à la technologie et aux matériaux modernes, pourraient arriver à battre les valides : c’est le mythe de l’homme augmenté, du transhumanisme pour lequel je vous laisse vous reporter, à la nombreuse documentation disponible sur le web en la matière.

Après avoir proposé ci-contre la bande annonce de la version « film » de Daredevil datant de 2003, on laisse de côté les spéculations sans grand intérêt sur ce sujet (de surhommes et robots variés, on verra bien !) pour s’intéresser à ces exemples en matière de diversité qui font le quotidien de Jean-Philippe :

Dans le carré de vidéos ci-dessous, seul blanc parmi les noirs de peau (mais ignorant à quoi cela correspond !) dans les nombreux orchestres africains dans lesquels il est intégré de manière parfaitement naturelle, ou tignasse rousse aux côtés d’un moine rasé, ou encore ashkénaze non pratiquant invité à animer une fête du centre des cultures de l’islam, voire créateur d’ambiances musicales aux côtés d’un homme-médecine amérindien, ces quatre extraits de la vie de Jean-Philippe sont un exemple permanent de mélange des genres et de brassage harmonieux de la diversité humaine, souvent associé à des initiatives en faveur de la paix et de la fraternité.



Tout récemment, on l’a encore vu, avec Mokhtar Samba, assurer une rencontre tout à fait réussie entre le jazz et la musique africaine dans le cadre d’un concert de l’orchestre de la WDR à Cologne (décrit, avec deux exemples vidéos, dans cette brève d’actualité).

Il y a un effet induit par ces activités : musicales, techniques, culturelles, voyages ou relations humaines, et qui est de minimisation de sa cécité ! Dans cette infinie diversité des manières d’être, chacun peut ainsi porter des handicaps bien plus lourds que le sien, et souvent invisibles : bêtise, égoïsme, brutalité, malhonnêteté… mais peut aussi, comme il le fait, s’en affranchir en les réduisant à zéro par tout un tas d’actions positives. En poussant le paradoxe à l’extrême, Jean-Philippe se demande même, dans « pensées aveugles », si le fait de ne pas voir ne le protégerait pas, souvent, de choses bien peu agréables à regarder : la cécité ressentie alors comme un possible avantage de vie…