Les aveugles dans les films.

Gérald ATHANASE

Au commencement de cette histoire, il y a une info que j’avais transmise à Jean-Philippe de l’arrivée de Daredevil en série télévisée sur Netflix et conjointement (logiquement) de l’apparition progressive de l’audiodescription sur ce support de diffusion… mais il n’avait pas accroché dessus. Jusqu’à ce que je lui signale le passage à la télé d’un très bon film de Xavier Palud (sur un scénario de Luc Besson), « À l’aveugle » avec dans les rôles titres Jacques Gamblin et Lambert Wilson. C’est un polar dans lequel le serial-killer est aveugle (bande annonce ci-contre).

Le lendemain Jean-Philippe était ironique et amusé : « Non mais c’est Superman ce type ! C’est impossible ! » s’exclamait-il ! Alors que, de mon point de vue, au niveau du surnaturel on était très en-dessous des super-héros et de Daredevil, et d’une manière plus générale des prouesses qu’accomplissent certains aveugles au cinéma !
Seulement voilà : au cinéma, même dans les classiques les plus prestigieux et les plus sympas, le ressort dramatique ne repose que sur ce que le spectateur « voit » et que l’aveugle ignore ! Et pour les aveugles, cet aspect, même s’il est décrit, ne présente guère d’intérêt. On pourrait citer un grand nombre de chefs-d’œuvre, dont les liens wikipédia vous permettront de découvrir le synopsis : « Les lumières de la ville (City Lights) » de Charlie Chaplin « Parfum de femme (Profumo di donna) » de Dino Risi, « Dancer in the Dark » de Lars von Trier, « Ray » de Taylor Hackford, et beaucoup d’autres (Allociné en recense cinquante-deux !).

Le plus significatif, selon moi, étant un film de 1967 réalisé par Terence Young « Seule dans la nuit (Wait Until Dark) » avec Audrey Hepburn dans le rôle titre.

Au risque de vous « spoiler » la fin, celle-ci consiste en une partie de cache-cache dans la nuit avec le tueur, dans laquelle elle prend l’avantage en ayant éteint toutes les lumières de l’appartement, mais où l’angoisse nait, pour le spectateur, du frigo dont la porte est restée entrouverte et dont la lumière risque de la faire découvrir ! C’est un thriller superbe pour les voyants, et totalement inintéressant pour les aveugles, pour lesquels cette situation supposée d’angoisse correspond à un état permanent (de vulnérabilité, si on veut), qui ne crée aucune émotion particulière par rapport à leur quotidien ! La bande-annonce ci-contre peut permettre aux uns et aux autres d’apprécier cet écart.

Il n’y a donc pas de demi-mesure : dans les films, l’aveugle est soit un surhomme soit un handicapé vulnérable !
Il reste à écrire le scénario du film qui décrirait la vie de ceux qui, comme Jean-Philippe, n’entrent dans aucune des deux catégories !